Rencontre avec Christophe Leribault, directeur du Petit Palais
Le Petit Palais, un musée du XXIe siecle,

Christophe Leribault dirige le Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la la ville de Paris, directeur passionné, très optimiste et enthousiaste. Il a de nombreux projets dont un spectaculaire, qui sera celui de la Fiac, la question est de savoir: “Qui sera son artiste invité 2021” ?
J’ai pu m’entretenir avec lui dans son Palais, découvrir son parcours depuis le musée Paul Getty à Los Angeles en passant par Carnavalet, le Louvre et depuis 2012 dans ce musée qu’il a fait redécouvrir aux Parisiens et touristes, (de quelques centaines de milliers de visiteurs, il est passé à plus d’un million). J’ai découvert une merveilleuse dynamique, machine de guerre des expositions, de très belles collections permanentes, des invitations d’artistes contemporains, un ensemble qui a redonné cette envie de pousser les portes du musée qui possède entre autres un merveilleux jardin.

Florence Briat Soulie :
Christophe Leribault, pourriez-vous nous dire deux mots sur votre formation, comment vous est venue cette passion de l’art et des musées ?
Christophe Leribault :
Gamin, on m’a traîné sans difficulté dans les musées, je trouvais toujours impressionnantes, très belles, ces visites. J’ai la chance d’exercer le métier dont je rêvais, ce n’est plus vraiment un travail, mais la joie de pouvoir être dans ces murs et de pouvoir monter des projets passionnants.
Expérience variée : un musée américain puis retour en France au Musée Carnavalet
J’ai commencé ma carrière par une expérience américaine, au J-Paul Getty Museum à Los Angeles, j’avais répondu à une petite annonce et j’ai été pris. J’ai dû m’obliger sur place à améliorer mon anglais! Je suis ensuite revenu en France passer le concours des musées et je me suis retrouvé à l’Ecole du Patrimoine et au Musée Carnavalet, musée d’histoire de Paris dont la rénovation s’achève actuellement. A l’époque, c’était encore ce grenier un peu magique avec ces strates de la mémoire parisienne: peintures, dessins et enseignes, meubles, tout ce qui fait le charme de ce musée. J’y suis resté pendant près de 17 ans à enrichir les collections, monter des expositions sur l’histoire de Paris, sur les figures parisiennes, le Paris de Marcel Proust aussi bien que celui du XVIIe ou XVIIIe siècles. C’était une expérience très riche.

Le métier dont je rêvais
À travers les musées, on fait beaucoup de rencontres, avec des descendants d’artistes, des historiens, le public, surtout dans un musée de mémoire. Carnavalet est un endroit que j’ai eu du mal à quitter car tellement prenant et varié qui englobe toutes les périodes. Je m’occupais de peintures ou de dessins d’artistes connus ou quasiment inconnus mais qui ont laissé un beau témoignage vivant de la vie parisienne au second Empire comme au XVIIe.
Le Louvre, cabinet des dessins
À la demande d’Henri Loyrette j’ai rejoint le musée du Louvre pour le Département des Arts graphiques qui est un véritable iceberg tant il y a à découvrir dans ses réserves. La collection est sans limite et possède tous les trésors du dessin non seulement français mais italiens, de Léonard de Vinci, de Michel-Ange et de toutes les époques. C’était fascinant d’être plongé dans cet univers. Le monde du dessin est particulier, j’y ai créé des liens avec les chercheurs, les amateurs, les marchands, les collectionneurs. J’ai cherché à compléter la collection en comblant des manques historiques dans le domaine français mais aussi britannique.
Eugène Delacroix
Parallèlement, je m’occupais du Musée Eugène Delacroix, ancien atelier et dernier appartement du peintre, Place de Furstenberg. J’ai essayé de lui redonner un peu de son charme perdu, notamment à son jardin , si cher à Delacroix. Il était devenu une cour avec des graviers, plus grand chose ne poussait. Nous avons pu le rénover et replanter grâce à un mécène Japonais. Nous avons également pu agrandir le musée et faire vivre l’endroit avec des expositions plus régulières, des publications scientifiques, telle celle en ligne de la correspondance de l’artiste.
FBS : Y aurait-il un souvenir dans la correspondance de Delacroix qui vous aurait marqué particulièrement ?
C.L : La correspondance de Delacroix est très émouvante, tout comme son Journal malheureusement incomplet : on a rarement autant de témoignages littéraires d’un peintre qui avait une vraie plume. On voit aussi, derrière cette image d’artiste romantique torturé, quelqu’un qui avait une culture très large, qui appréciait aussi bien Mozart que la littérature grecque et beaucoup d’autres choses que l’on n’associe pas toujours au peintre. Des anecdotes aussi, comme le fait que les tigres qu’il dessinait quand il était Place de Fürstenberg, n’étaient autre que son chat prénommé Minette!
Quel est le rôle d’un musée aujourd’hui ?

Il y a un grand débat sur la définition du musée, qui secoue d’ailleurs les instances de l’ICOM, pour essayer de définir quelque chose de tellement englobant. De mon point de vue le musée est d’abord le rassemblement d’une collection, de créations humaines que l’on doit préserver, mettre en valeur. Il s’agit également de communiquer pour la faire comprendre et apprécier par un public donné. Par chance, j’ai toujours travaillé dans des musées qui avaient de très grosses collections. Le travail consistait à valoriser les pièces des réserves, restaurer, mettre en valeur, essayer de rendre vivant des témoignages qui peuvent être un peu lointains pour le public ou pour nous tous. Lorsque l’on traverse les galeries du Musée du Vatican, on voit parfois des choses qui certes sont belles, mais ne nous parlent pas vraiment, car on a oublié les référents historiques, artistiques qui sont derrière. Or, tous les artistes ont été vivants, créatifs et combattifs en leur temps, simplement il faut déjà soi-même décoder tout cela pour le partager avec les visiteurs. C’est la même chose qu’avec certains livres plus difficiles à lire mais qui finalement sont plus intéressants que les romans policiers qu’on emporte dans le train.
Votre arrivée au Petit Palais
FBS : Vaisseau amiral de Paris Musées, vous avez redonné une seconde jeunesse au musée, quel est le secret du succès d’un musée au XXIe siècle ?
C’était un vrai challenge de quitter les riches collections d’arts graphiques du Louvre, on peut y travailler toute une vie sans en venir à bout. Mais le Petit Palais est un bâtiment tellement magnifique au cœur de Paris construit pour l’exposition Universelle de 1900, avec ce beau jardin. Il avait été rénové quelques années auparavant, seulement, je trouvais qu’il était devenu un peu froid et que l’on pouvait certainement le reprendre en main faire pour y attirer davantage de visiteurs. Ce sont des métiers différent, d’être ex-thésard, spécialiste de dessins anciens, et de prendre en mains une équipe, convaincre tout le monde de changer les méthodes de travail. C’était passionnant de transformer la présentation, de ressortir des œuvres oubliées et surtout redéfinir ce qu’était le Petit Palais.
J’ai eu l’impression que le Petit Palais avait un peu perdu son identité, c’est le musée des Beaux-Arts de la ville de Paris, comme la ville de Nantes ou la ville de Strasbourg ont leur musée des Beaux-Arts. Mais vivre au bout des jardins du Louvre, de l’autre côté de la Seine, face au Musée d’Orsay, est un autre challenge. Sa taille non-comparable affecte la connaissance par le public de la richesse de sa collection, un peu vampirisée aussi par ses grandes expositions, une spécificité du Petit Palais depuis sa création en 1900.
Toutânkhamon et son temps en 1967 au Petit Palais

Il y a eu ici des expositions mémorables, notamment Toutânkhamon, que j’ai eu la chance de visiter enfant, qui avait attiré plus d’un million de visiteurs. D’ailleurs pendant longtemps les grandes expositions nationales avaient lieu au Petit Palais. Et puis à la fin des années 60, sous l’impulsion d’André Malraux, le Grand Palais qui abritait jusque-là des salons de peintures mais surtout celui de l’automobile ou de l’aviation, s’est mis aux expositions artistiques. Les Galeries Nationales du Grand Palais ont développé une programmation de plus en plus extraordinaire soutenue par les finances de l’État, alors que le Petit Palais dépendait de la Ville de Paris. Le public n’a plus fait la différence entre le Grand ou Petit Palais. Les présentations du Petit Palais étaient très variées, elles pouvaient traiter aussi bien des indiens Taïnos, de la Cité Interdite ou d’artistes du XIXe siècle, sans identité propre.
F.B.S. : Quel est le fil conducteur qui relie les expositions aux collections permanentes ?
Pour lui retrouver une spécificité, j’ai pensé que c’était important de relier la programmation à cette fameuse collection et que les expositions se terminent d’ailleurs dans les salles permanentes. On a ainsi programmé des expositions couvrant l’art occidental des mêmes périodes – XVIIe, XVIIIe et beaucoup XIXe siècles – pour qu’on sente le lien avec ces collections, éventuellement avec des expositions « dossier » dans les salles un peu satellites. Ainsi ,au moment de l’exposition Jordaens, on était invité à voir ailleurs dans les salles notre collection d’estampes et de dessins de Van Dyck, de Rubens…

A la découverte d’artistes, Carl Larsson, Anders Zorn…
Cela a restreint le champ des sujets mais a aussi permis progressivement de reconstruire une certaine identité du musée. On se rend au Petit Palais moins pour la grande expo blockbuster sur le peintre qu’on connaît déjà par coeur, mais plus à la découverte d’artistes moins connus, cela peut être le sculpteur Gemito, le dessinateur Carl Larsson, le peintre Anders Zorn ou Fernand Khnopff … et de fil en aiguille, avec l’aide de la presse qui a sympathiquement relayé ces expositions jamais gagnées d’avance, compliquées à monter car moins attractives pour les mécènes. Mais en pratique, quand on montre une gloire nationale qui peut être scandinave, italienne, britannique, peu importe, on peut obtenir finalement de très beaux prêts car il y encore un fierté à voir un talent reconnu à Paris. Il faut évidemment insister pour avoir le meilleur de l’artiste pour que la réhabilitation fonctionne.
Le plus grand peintre russe du XIXe siècle, bientôt au Petit Palais, Ilya Repine.
À l’automne prochain, ce sera le tour d’Ilya Repine (1844-1930), le plus grand peintre du XIXe siècle russe qui n’a jamais eu d’exposition en France. La Galerie nationale Tretiakov à Moscou, le Musée russe à Saint-Pétersbourg ont été d’accord pour prêter des tableaux qui pour eux sont d’une importance capitale, comme les Haleurs de la Volga ou le grands portraits de Nicolas II…On associera à l’exposition tout un programme de conférences, de concerts. C’est à chaque fois une occasion de remettre aussi en valeur une période, un pays.
Je crois beaucoup en l’importance de la scénographie
Il fallait mettre peut-être un peu plus de décorations qu’ailleurs pour remettre dans leur contexte ces oeuvres. On a monté ainsi une exposition sur la peinture religieuse du XVIIIème siècle dans les églises de Paris avec des artistes célèbres de leur vivant, que l’on a un peu oubliés, mais en recréant une architecture d’église, en ajoutant un peu de dorure, de colonnes, car cette peinture d’autel est faite pour être vue de manière architecturale, avec un peu de musique. Finalement cette exposition a eu un certain succès et c’était l’occasion de restaurer des tableaux qui,lorsqu’ ils sont retournés dans les églises, ont été mieux éclairés et seront davantage en valeur.
De même pour l’exposition Zorn – grand maître de la peinture suédoise – nous avions une alternance de salles qui évoquaient aussi bien le décorplus simple de la vie en Suède que les grands moments de ses mondanités parisiennes parés de riches cimaises rouges.
Un grand musée à taille humaine : c’est Petit Palais car le Grand Palais est immense !
Je crois beaucoup en l’importance de la scénographie, la mise en contexte car les tableaux, les sculptures arrachés à leur milieu ambiant nécessitent quand même des moyens pour les rendre agréables et pour que le premier coup d’œil donne envie de creuser. Il est finalement grand, ce Petit Palais, car le Grand Palais est immense ! C’est un musée qu’on peut cependant parcourir en une fois avec des salles très variées, des grandes galeries, des pièces plus intimes. Et ce musée a la chance d’avoir en plus un merveilleux jardin !
Voir autrement les choses, avoir ce contact avec les oeuvres d’art
C’est très important qu’un musée soit un lieu agréable, il faut trouver le moyen pour que ce soit une expérience riche qui donne envie de voir les choses autrement.
F.B.S. : Quelle oeuvre marquante pensez-vous avoir sorti des réserves ?
C.L. : Les musées ont des réserves, parfois on fantasme trop sur ce qu’il peut y avoir, certaines choses méritent de rester en réserve ! Mais c’est très amusant lorsqu’on arrive quelque part de regarder tout ce que les prédécesseurs y ont relégué. On a déroulé une très grande toile de Léon Lhermitte (1844-1925) , peintre qui n’est pas académique au sens ingresque, mais plutôt réaliste, qui représente les Halles de Baltard, tableau très spectaculaire, peint pour l’Hôtel de Ville et présenté au Salon. Il ya eu un tel succès qu’il fut décidé de le réserver pour le nouveau musée de la Ville de Paris.

Une toile redécouverte Les Halles de Baltard restaurée grâce au mécénat des Halles de Rungis
Très souvent reproduit le tableau, les Halles de Baltard, devient démodé dans les années 30 et après-guerre, il n’est pas re-déballé. Finalement, nous avons pu le restaurer grâce au mécénat des Halles de Rungis, la Semmaris, très concernée par le sujet. Nous avons pu remettre au mur un tableau très efficace. Une banquette sans dossier se trouve devant pour regarder théoriquement les Courbet en face, mais je remarque que les gens s’y assoient autant pour regarder le Lhermitte .
Il peut y avoir de la nouveauté dans l’art du passé
Autres redécouvertes, deux grands tableaux de Paul Delaroche et de Jean-Victor Schnetz peints pour l’ancien Hôtel de Ville, des commandes de Louis-Philippe représentant de grandes scènes des révolutions de 1789 et 1830. Mais très vite le régime de la monarchie de Juillet s’étant rigidifié, on n’a plus du tout voulu prôner ce qui était l’origine de la nouvelle monarchie constitutionnelle. Les artistes sont remerciés et payés et les toiles roulées…Ce qui fait qu’elles ont échappé à l’incendie de l’Hôtel de Ville en 1871, sous la Commune, et donc pas détruites, contrairement aux plafonds de Ingres, Delacroix et tous les trésors du lieu. Grâce à des mécénats ces grandes toiles (environ 4 X 5 m), pages de l’histoire de France, jamais montrées du vivant des peintres sont enfin présentées, au bout de presque deux siècles !

Mettre en valeur le côté un peu différent de cette collection
On a re-déballé également toute une série de grands plâtres du XIXe siècle, cette statuomanie de l’époque voulait que dans tous les carrefours de la capitale il y ait une statue d’un grand homme ou grande dame … Pendant la seconde guerre mondiale les bronzes ont été réquisitionnés et fondus, certains ont pu être sauvés comme le Balzac de Rodin… La ville de Paris avait conservé tous les plâtres de ces statues, qui ne sont pas des moulages, c’est l’oeuvre modelée par l’artiste à l’échelle qui ensuite sert dans l’atelier du fondeur à faire un moule et à en tirer un bronze. On possède des centaines de plâtres et c’était très exaltant avec ma collègue, chargée de la sculpture, de mettre à l’honneur une sélection de ce Paris totalement oublié dans la galerie d’entrée du musée.
Même si on a aussi Rembrandt, Fragonard, David, Cézanne, Monet… dans les collections. Mais c’est amusant de pouvoir mettre en valeur des fonds d’ateliers, des personnalités très étranges comme Jean Carriès, dont on a tout le fonds de statues et céramiques vernissées, il a fait des crapauds géants, des monstres étonnants.

F.B.S. : Comment voyez vous l’intégration de l’art contemporain au sein d’une institution à l’image très marquée par son architecture 1900 ?
C.L. : Le Petit Palais à l’heure actuelle est une collection de beaux-arts qui s’arrête en 1914, c’est un partage qui a eu lieu dans les années 60 quand on a créé le Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Auparavant le Petit Palais a été un musée d’art moderne. Le musée a reçu énormément de donations. Matisse a offert La Danse au Petit Palais (aujourd’hui au Musée d’Art Moderne), la donation Girardin c’était aussi au Petit Palais qui était un bâtiment tout à fait contemporain, devenu ensuite trop 1900, kitch. Il était intéressant de rappeler un peu cet ADN du Petit Palais qui a vu de grandes expositions d’art contemporain, la première rétrospective Picasso, sculpteur, de son vivant, fut au Petit Palais.
Les 2 Palais s’unissent pour la FIAC / temps forts de l’art contemporain
Il y avait l’opportunité de la Fiac organisée au Grand Palais jusqu’à l’année dernière. J’ai trouvé un peu dommage qu’au moment de cette grande effervescence de l’autre côté de la rue on n’en profite pas. On s’est mis d’accord pour que celle-ci déborde sur le Petit Palais avec une sélection d’œuvres choisies parmi de nombreuses propositions qui pendant cette semaine sont présentées dans les espaces musée et jardin et, très important, sur l’avenue qui devient piétonne. C’est le rêve. On retrouve la fonction d’esplanade de l’avenue Winston Churchill, conçue initialement en 1900 pour être traversée à pied.
Comme c’est un musée accessible à tous, gratuit, on a insisté pour avoir des médiateurs, des étudiants de l’École du Louvre grâce à un partenariat, pour aider à la compréhension de ces créations contemporaines.
Un artiste invité
Au même moment, on a décidé d’inviter un artiste non pas pendant une semaine mais 3 mois. Un artiste qui véritablement va dialoguer avec les collections permanentes. Il ne s’agit pas juste de propulser une oeuvre spectaculaire, non il y a un vrai travail avec un artiste qui vient, revient, qui s’approprie un endroit du musée ou un autre. Les résultats peuvent être variés, il y a eu des cas où on a renoncé.
Kehinde Wiley – Lamentation (2016/2017)
Kehinde Wiley (2016/2017), artiste afro-américain très engagé sur plusieurs causes a fait des grands vitraux, un peu à la manière néogothique, mais avec des personnages noirs en baskets qui s’intégraient de manière assez troublante avec les tableaux des mêmes thèmes de William Bouguereau ou Gustave Doré.
On a fait ce travail avec Andres Serrano, Valérie Jouve, on le fait en ce moment avec Laurence Aëgerter (voir article précédent)

Yan Pei-Ming/ Courbet – Corps à corps (2019/2020)
Certains artistes présentent des œuvres dans toutes les salles, d’autres, comme Yan Pei-Ming (2019/2020) a dialogué ou même lutté avec Courbet. Yan Pei-Ming connaissait Courbet par de pauvres reproductions noir et blanc du temps où il était dans la Chine communiste. Une partie des immenses toiles montrées venaient d’être réalisées dans l’ancien atelier même de Courbet à Ornans !
Comment 2 visions artistiques peuvent s’apparenter ou s’opposer
Ces dialogues n’ont jamais visé le scandale. Mais faire venir le public de l’art contemporain et lui faire voir par la même occasion de l’art ancien, et pour les habitués du musée, l’amener à regarder un peu autrement l’art contemporain, éviter les jugements trop faciles. Tout cela a un sens par rapport au rôle d’un musée.
F.B.S. : Cette année, il n’y aura pas la Fiac au Grand Palais en face qui sera sur le Champ de Mars au Grand Palais éphémère, quelle est votre stratégie 2021 ?
C.L. L’année dernière, nous n’avons pas eu de Fiac, mais nous avons maintenu notre dialogue avec une grande invitée, Laurence Aëgerter, dont l’exposition a été ouverte au public un mois, prolongée, puis re-prolongée : on espère toujours pouvoir rouvrir en la maintenant un peu encore pour rattraper cela.
Pour cette année 2021, j’ai pensé à un invité qui présentera une oeuvre particulièrement spectaculaire car il n’y aura plus à traverser une esplanade piétonne mais à venir du Champ de Mars.

Qui est ce mystérieux artiste invité au moment de la Fiac ?
L’artiste ne va pas dialoguer avec des œuvres du musée mais avec le bâtiment lui-même. Après tout, je pense que c’était le moment puisque l’œuvre la plus connue du Petit Palais c’est le monument lui- même, L’artiste va prendre en main le bâtiment, cela se verra de l’extérieur, de l’intérieur, dans les jardins, mais pour l’instant ce n’est qu’un teaser! ce sera une belle rentrée parisienne.
En septembre on sera très heureux de présenter à la fois Ilya Repine, le grand peintre russe du XIXe siècle, et puis en parallèle cette belle fête pour l’art contemporain.
F.B.S. : Tous ces musées fermés, comment gardez-vous cette envie de concevoir de nouveaux projets avec toutes ces expositions qui ne voient pas le jour ? Avez-vous une idée du musée du futur ?
Les effets de la Covid sur les musées et sur le Petit Palais sont des expositions fermées. Actuellement nous avons l’exposition sur Ambroise Vollard, éditeur d’estampes et de livres qui est en attente, elle a été installée et on a éteint la lumière… Soyons patient et raisonnable, le jour où on pourra l’ouvrir, le compte à rebours des 3 mois commencera.
Mais cela ne nous empêche pas d’avoir beaucoup de projets. Par ailleurs, nous avons déjà les expositions que nous avons dû annuler et reporter : on ne supprime rien, ce qui devait avoir lieu en 2020/2021 aura lieu en 2022 et ainsi de suite.
A quand les retrouvailles avec les originaux dans les musées ?
Il y a une multitudes d’initiatives vivantes en ligne qui ont eu un succès fou, mais cela manifeste surtout un désir de maintenir ce contact avec l’art : rien ne remplacera les retrouvailles avec les originaux. On a tous hâte d’accueillir de nouveau du public et de lui offrir, dès que possible, une belle rentrée avec plein de nouveautés.
Propos recueillis par Florence Briat Soulié le 25 mars 2021
Dernière minute : acquisition par le Petit Palais à la vente Christie’s de la collection privée, “De Caillebotte à Calder”du 30 mars 2021 : une toile d’Eva Gonzalès (1849-1883) La Servante ou À la barrière, adjugée 80000 € –



Informations :
https://www.petitpalais.paris.fr/
Expositions en cours et à venir :
Laurence Aëgerter – Ici mieux qu’en face – 06 octobre 2020 au 09 mai 2021 (cf article précédent)
Edition Limitée – Vollard, Petiet et l’estampe de maîtres – mai /juillet 2021
Augustin Rouart – La peinture en héritage – 29 mai 2021 au 03 octobre 2021



2 commentaires
Stéphanie Dulout
Jolies photos ! Très printanières…
>
Florence Calvet
Passionnant et nécessaire !
Merci Florence