Vendredi, Ecole des Beaux-Arts
Un vendredi à l’Ecole des Beaux-Arts, je suis curieuse de voir ce qu’il s’y passe derrière cette entrée majestueuse, traverser la cour et rencontrer les étudiants de l’atelier de Tatiana Trouvé qui exposent leur travail pour quelques jours.

Un second rendez-vous m’attendait au Palais des Beaux-Arts, quai Malaquais, afin de découvrir Le théâtre des expositions : 4 expositions, 4 curateurs
Jardin Secret par Noam Alon, Le temps est détraqué par Simona Dvoráková, Tout me trouble à la surface par Kathy Alliou , Une moraine d’objets par Yannick Langlois.

Exposition atelier Tatiana Trouvé
Dans un premier temps, dans les galeries droite et gauche, je suis très admirative des oeuvres que je découvre, des univers différents qui se rejoignent, tous empreints de l’impulsion artistique donnée par leur maître d’atelier, l’artiste Tatiana Trouvé. 1ere année, 2e année, 3e année… exposent leurs projets.

Je m’arrête devant l’installation de Pauline Rose Dumas qui arrive de Londres, Chelsea College of Arts, section textile design. L’artiste a créé une maquette faisant penser à une salle d’exposition où seraient accrochés ses travaux : dessins, collages, tentures à partir d’images thermocollées sur le tissu formant un patchwork . Pauline Rose Dumas est pour moi dans la lignée de Sonia Delaunay, elle s’intéresse comme elle aux matières, aux assemblages de couleurs, à l’espace, tout en utilisant les innovations de son époque.

«Le médium textile me permet de raconter une histoire, mon histoire, et à travers elle, une histoire de transmission de savoir-faire. (…) Le textile est une intervention qui ouvre l’image ou la sculpture à une dimension sensorielle ». Pauline-Rose Dumas

A côté se trouve Charles Mornaud qui a commencé sa formation à l’école Olivier de Serres et continue un master aux Beaux Arts. Sculpteur, dessinateur il s’est intéressé aux sténopés, technique de chambre noire inventée par Léonard de Vinci, il obtient en utilisant cette méthode et du papier photo sensible une image, point de départ d’un dessin qui s’étend en reprenant des détails architecturaux de l’école. Je pense aux escaliers de Sam Szafran et en particulier à un fusain exceptionnel de l’artiste vu galerie Claude Bernard ce même jour.

Dans l’autre salle je rencontre une jeune élève de 1ere année, Charlotte Simonnet, elle crée avec des tiges de métal des sculptures reprenant le motif alsacien de bouquet de fleurs stylisé appelé Maikrug.

Il y a aussi les oeuvres de Pierre Sparta qui utilise du bois, du métal et modèle des visages en plâtre. Clédia Fourniau, résidente Poush Manifesto est présente également.



Le Théâtre des Expositions – Acte 2
Quai Malaquais, accompagnée par Armelle Pradalier, je suis accueillie par les commissaires du Théâtre des expositions, un projet en plusieurs actes qui réunit des compétences, conservateurs, artistes, historiens, et les commissaires dont certains, issus de la fillière « Artistes & Métiers de l’exposition ». A cette occasion des chefs-d’oeuvre des collections des Beaux-Arts sont exposés, ils sont entourées des oeuvres des élèves et professeurs de l’Ecole.

Une moraine d’objets
A l’étage, je commence par Une moraine d’objets curatée par Yannick Langlois qui termine son doctorat de recherche par l’art SACRe-PSL, il présente ses photogrammes de couleur bleue et le livre mémoire de sa thèse juste terminé.

Dans un angle de la pièce se trouve une installation de Jean-Charles Bureau, ses panneaux peints tout en courbes, font penser aux boiseries, dessus de porte, trumeaux de cheminées aux décors effacés par le temps.

Plus loin, Victoire Thierrée utilise des matériaux industriels, comme ces toiles issues des technologies Safran et pour terminer Florentine Charon : Etude pour couloirs d’airs, 2018. Toutes ces oeuvres sont réunies autour des têtes en plâtre , enfin ce qu’il en reste, figures d’expressions d’émotions, demandées dans d’autres temps aux élèves des Beaux-Arts pour un concours.

Tout me trouble à la surface
En face, Kathy Alliou nous embarque, moi et mes acolytes, dans cette histoire de ce cordonnier qui servait de cobaye au médecin de La Pitié Duchenne de Boulogne, ce dernier cherchait à décrypter « Le Mécanisme de la physionomie humaine ».

L’artiste Eléonore False reprend des détails de ces photos du cordonnier prises par le frère de Nadar, elle les agrandit, les déforme, les sculpte et recompose son propre album avec cette exposition.

Elle redonne une autre dimension à cette homme inconnu, son visage nous devient familier, on le reconnaît. Très amusant, Duchenne de Boulogne a fait don de ses recherches, aux Beaux-Arts et non à la science. Eléonore False a accroché également des portraits sur toile de ce cordonnier par les anciens élèves.

Le temps est détraqué
Deux autres expositions terminent ce cycle : Le temps est détraqué de Simona Dvoráková, on se perd dans un environnement technologique, artéfacts composés de vidéo, machines installés autour d’un dessin de Goya et du livre Le songe de Poliphile, une autre façon de plonger dans un rêve non pas de la Renaissance mais en 2021.


Jardin secret
Et la dernière exposition : Jardin secret par Noam Alon, inspirée de la théorie sexuelle de Freud nous entraine dans les méandres de nos souvenirs , la vieille chanson remise au goût du jour par Ella Navot “Viens Maman on va danser”, vidéo en boucle et l’installation de Petrit Halilaj, des corbeaux noirs suspendus dans le ciel me rappelle une autre chanson, un autre oiseau, celui de Barbara. A côté se trouvent une toile de Dominique Lefèvre Desforges Judith coupe la tête d’holopherne et un petit bijou caché dans une niche, une copie en plâtre du XIXe d’un ivoire du Moyen-Âge.

Dans ce Jardin Secret, je retrouve une oeuvre de Charlotte Simonnet, vue précédemment, atelier de Tatiana Trouvé.

Je quitte l’école par la cour où une performance se déroule, sorte de rodéo avec une vieille Volvo et 3 acteurs de cette scène sortie d’un western nouveau genre.
Florence Briat Soulié
INFORMATIONS
@atelier_tatiana_trouve (instagram)
https://www.paulinerosedumas.com/ @paulinerosedumas
Charles Mornaud @charlesmornaud
@charlotte_simonnet
Pierre Sparta @spartapier
Pauline Brami @pauline_brami
Cledia Fourniau @clediafourniau
Vincent van der Donk
Le théâtre des expositions – Palais des Beaux-Arts
13 quai Malaquais, 75006 Paris
Jusqu’au 29 mai 2021
Yannick Langlois @yannicklanglois
http://www.eleonorefalse.com/ @eleonore_false
Victoire Thierrée @victoire.thierree

* Créée en 2019, la filière « Artistes & Métiers de l’exposition » est dirigée et coordonnée par les services des expositions et des publics. Elle permet à des étudiants de 3e et 4e année de se former à la production, à la régie, à la scénographie, à la médiation et à tous les métiers relatifs à la présentation et à la diffusion de l’art. Dans le cadre de cette formation, une résidence est proposée à de jeunes commissaires qui peuvent pendant un an travailler au sein des Beaux-Arts de Paris. La filière « Artistes & Métiers de l’exposition » des Beaux-Arts de Paris est conçue en partenariat avec le Palais de Tokyo.


2 commentaires
Maury
Très intéressant comme toujours!! Est-ce ouvert au public?
Florence Briat-Soulié
Malheureusement pas encore ouvert au public, juste pour les professionnels, mais le 19 mai est très bientôt !